Bâtiments

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Description

La carte cantonale des milieux regroupe, sous la dénomination générique de « bâtiments », les édifices historiques (églises, monuments) ainsi que les constructions plus récentes comme les immeubles, les villas résidentielles, les surfaces industrielles ou commerciales. Elle inclut également les écoles, les hôpitaux, les stations d’épuration, les serres intensives, les corps de ferme, ainsi que les hangars pourvus d’un sol en dur. Souvent réunis en villes ou en villages, ils constituent des espaces façonnés par l’homme, habituellement interconnectés par un réseau de voies de communication (routes, voies ferrées).

Où observer

Dans la Vieille-Ville de Genève autour de la cathédrale Saint-Pierre, pour admirer le ballet empressé des martinets noirs.

Quand observer

De mai à août, lorsque les martinets noirs sont de retour d’Afrique.

Profil

Surface en hectares
1428.1
Pourcentage du canton occupé
4.60%
Humidité
-
Acidité
-
Richesse en nutriments
-
Granulométrie
-
Naturalité
Value
1

Le saviez-vous?

En période de nidification, le martinet noir (Apus apus) s’installe sous les toits, dans les murs de nos bâtiments ou dans les nichoirs posés à son intention pour couver ses oeufs. Mais savez-vous que, le reste du temps, cet oiseau infatigable ne se pose jamais ? C’est un véritable seigneur des airs qui accomplit en altitude toutes ses activités. Il s’y nettoie, s’y reproduit et dort même en vol ! Cette spécialisation est développée à son extrême à tel point que l’oiseau a des pattes atrophiées. En cas de chute au sol, il est donc incapable de redécoller.

Valeur biologique

Les bâtiments présentent un intérêt biologique variable, leur capacité à accueillir des espèces* étant fortement dépendante de leur année de construction, de leur emplacement et de l’entretien auxquels ils sont soumis. Si les constructions les plus modernes à toits plats peuvent être végétalisées et accueillir une flore* et une faune* diversifiées, le potentiel biologique des vieux bâtiments peut également s’avérer important. Certains anciens édifices sont, par exemple, susceptibles d’accueillir d’importantes colonies de chauves-souris, dont certaines espèces rares* au niveau suisse. Les chiroptères* apprécient tout particulièrement les combles, les greniers, les caves ou les souterrains, qu’ils utilisent comme gîte de reproduction ou comme lieu d’hibernation1. Parmi les hôtes potentiels, il est possible de citer le grand murin (Myotis myotis), l’énigmatique oreillard gris (Plecotus austriacus) ou l’oreillard montagnard (Plecotus macrobullaris).

Les vieilles demeures, ainsi que les églises et les bâtiments administratifs à toitures élevées2, sont également utilisés par les espèces* qui nichent dans les anfractuosités des murs1 ou sous les avant-toits. C’est le cas des pipistrelles (Pipistrellus kuhlii, P. pipistrellus), du martinet noir (Apus apus), du moineau domestique (Passer domesticus), des gracieuses hirondelles (Delichon urbicum, Hirundo rustica), du faucon crécerelle (Falco tinnunculus) ou de la timide chouette effraie (Tyto alba).

Certaines espèces* végétales menacées* au niveau national, telles que l’aïra caryophyllé (Aïra caryophyllea) ou le gaillet grêle (Galium parisiense) ont su trouver une niche écologique* de substitution sur quelques-unes des toitures végétalisées extensives du canton11.

Vulnérabilité et gestion

En l’espace d’une soixantaine d’années, la population résidente dans le canton a plus que doublé. En 1950, Genève comptait un peu plus de 202 500 habitants3, contre environ 500 000 habitants fin 20159, regroupés pour la plupart en zone urbaine. Cette croissance tend incontestablement à se poursuivre et cela se traduit depuis plusieurs années par l’augmentation des surfaces d’habitat et d’infrastructure. En 2012, l’analyse réalisée par l’OFS* estimait que ces surfaces totalisaient environ 35% du canton7, soit une progression de près de 6% en une trentaine d’années7. L’étude attribuait cette évolution à la réduction progressive des surfaces agricoles qui perdaient du terrain (-5,9%)7, alors que les surfaces improductives (+0,2%) et les surfaces boisées (-0,3%) restaient à peu près stables depuis 19807.

Pour accueillir cette croissance démographique, loger et offrir les services nécessaires à tous les citoyens (bâtiments publics, bureaux, loisirs), de nombreux projets de construction et de rénovation ont été réalisés. Ces transformations ont contribué à modifier le visage traditionnel des zones d’habitation.

De plus, dans les années 1980, de nouveaux matériaux plus performants, capables d’isoler efficacement façades et toitures ont fait leur apparition2 sur les chantiers (généralisation de l’utilisation du béton, découverte de matériaux modernes)1. Il s’ensuivit une diminution du nombre de caches et d’abris laissés à la disposition de la faune* dans les anciens bâtiments.

Aujourd’hui, la situation s’est stabilisée. La problématique de la conservation des espèces qui vivent dans notre environnement immédiat est prise au sérieux, notamment par les habitants et les collectivités1. L’amélioration des connaissances sur la biologie des différents groupes permet également aux experts d’intervenir de manière ciblée et de prodiguer des conseils adaptés aux entrepreneurs2, 6. C’est, par exemple, le travail que mène depuis une vingtaine d’années le CCO*. Cette association cherche, entre autres, à freiner la disparition des gîtes utilisés par les chauves-souris en conseillant les propriétaires lors de restaurations2, 6.

La pose de nichoirs, destinés selon le modèle aux chauves-souris ou aux oiseaux, est une mesure régulièrement préconisée par le gestionnaire de l’environnement afin d’offrir à ces espèces des habitats* de substitution4, 5. Les toitures végétalisées, lorsqu’elles sont entretenues de manière extensive, permettent également de favoriser la biodiversité*. En complétant le maillage vert déjà présent au sol, elles offrent en effet un refuge aux insectes et aux oiseaux. Elles permettent aussi la rétention des eaux de pluie, limitant de ce fait l’effet imperméabilisant des constructions. Sur le plan légal, si le remplacement des arbres abattus lors d’un projet de construction est reconnu comme difficile ou impossible, les toits verts extensifs peuvent constituer une partie des mesures de compensation prises en faveur de la nature10.

En plus des toitures, il est aujourd’hui possible de mettre en place des murs végétalisés ! L’hepia* a développé et breveté des modules composés d’une matière poreuse destinées au verdissement des façades13, 14. Destinés à améliorer le cadre de vie en ville, ces murs offrent d’excellentes propriétés isolantes. Ils améliorent aussi l’insonorisation de l’intérieur des bâtiments et absorbent une partie des bruits de la rue13. S’ils permettent également d’épurer les eaux qui s’écoulent des toitures lors de précipitations13, ils ne présentent aujourd’hui que peu d’intérêt pour la biodiversité* indigène*, 14.

Cartographie

Les bâtiments cartographiés proviennent de l’inventaire des bâtiments hors sol8 de la Direction de la mensuration officielle (DMO*). Ils sont incorporés automatiquement à la carte des milieux naturels du canton lors de chaque mise à jour.

Dynamique

Les bâtiments sont trop artificialisés* et entretenus pour présenter une colonisation importante par la végétation.

Espèces

Flore vasculaire
Fétuque rouge Festuca rubra
Petrorhagie saxifrage Petrorhagia saxifraga
Plantain lancéolé Plantago lanceolata
Potentille argentée Potentilla argentea
Orpin blanc Sedum album
Orpin des rochers Sedum rupestre
Orpin doux Sedum sexangulare
Silène penché Silene nutans
Thym pouliot Thymus pulegioides
Thym serpolet Thymus serpyllum
Vulpie queue de rat Vulpia myuros
Bryophytes
Bryum commun Bryum creberrimum
Cératodon pourpre Ceratodon purpureus
Tortelle inclinée Tortella inclinata
Mammifères
Fouine Martes foina
Rat surmulot Rattus norvegicus
Chauves-souris
Grand murin Myotis myotis
Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii
Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus
Oreillard roux Plecotus auritus
Oreillard gris Plecotus austriacus
Oreillard montagnard Plecotus macrobullaris
Oiseaux
Martinet noir Apus apus
Pigeon biset Columba livia domestica
Hirondelle de fenêtre Delichon urbicum
Faucon crécerelle Falco tinnunculus
Hirondelle rustique Hirundo rustica
Moineau domestique Passer domesticus
Chouette effraie Tyto alba
Reptiles
Lézard des murailles Podarcis muralis
Orthoptères
Grillon domestique Acheta domesticus
Lépidoptères
Teigne des fruits secs Plodia interpunctella
Coléoptères terrestres
Petite vrillette Anobium punctatum
Anthrène des musées Anthrenus museorum
Anthrène du bouillon blanc Anthrenus verbasci
Dermeste du lard Dermestes lardarius
Capricorne des maisons Hylotrupes bajulus
Grosse vrillette Xestobium rufovillosum
Autres
Poisson d’argent Lepisma saccharina
Horticoles
Fétuque d’Hervier Festuca marginata subsp. gallica
Fétuque à feuilles rudes Festuca stricta subsp. Trachyphylla
Orpin floriferum Sedum floriferum
Orpin hybride Sedum hybridum
Plantes invasives
Vergerette annuelle Erigeron annuus
Orpin bâtard Sedum spurium M. Bieb.
Faune invasive
Coccinelle asiatique Harmonia axyridis
Auteurs
Sophie Pasche, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier