Glariers végétalisés
Description
Végétation herbacée* éparse colonisant les étendues de galets aux abords des cours d’eau, les glariers végétalisés se développent sur un substrat très filtrant et pauvre en matière organique*. Soumises à la dynamique de la rivière, les plantes qui s’y établissent sont majoritairement pionnières*. Leur forte capacité de régénération (graines légères, dispersion longue distance, taux de germination élevé…) leur permet de supporter les perturbations engendrées par les crues.
Les glariers végétalisés genevois présentent différents faciès, conditionnés par la granulométrie* du substrat (tailles des galets, proportion de sable), la disponibilité et la qualité de l’eau ainsi que par la fréquence des crues. Ce sont en effet les principaux facteurs qui influencent les possibilités de colonisation ou de régénération des végétaux. La carte cantonale des milieux regroupe à l’échelle du 1: 5’000e les trois variantes suivantes :
- les glariers «frais» graveleux (Dauco-Melilotion: Echio-Melilotetum, Dauco-Picridetum) sont situés sur les plages de galets visibles aux abords directs du cours d’eau3. Même lorsque le niveau de la rivière est bas (été-automne), ils bénéficient d’une bonne alimentation en eau, ainsi qu’en sels minéraux d’azote et de phosphore dissous dans la nappe d’accompagnement* de la rivière. Cet apport souterrain permet le développement de nombreuses «mauvaises herbes»2, 3 aux exigences nutritives élevées comme l’herbe de Sainte-Barbe (Barbarea vulgaris)3, 4, le coquelicot (Papaver rhoeas)3, le géranium herbe-à-Robert (Geranium robertianum)2, la saponaire officinale (Saponaria officinalis)3, 4 ou l’ortie (Urtica dioica)3, 4.
Chaque printemps, la montée des eaux remanie les alluvions et crée un nouveau biotope*. Les espèces colonisatrices, dont les graines sont enfouies dans le sol ou amenées par les eaux, peuvent alors germer et recoloniser les glariers2. Ainsi s’établissent toute une série d’espèces rudérales* à racines pivotantes comme les mélilots (Melilotus albus et M. officinalis)3, la vipérine (Echium vulgare)3 et la carotte sauvage (Daucus carota)3. - les glariers «secs» (Scrophularion juratensis : EpilobioScrophularietum, Galeopsietum angustifoliae) sont situés sur les plages de galets plus éloignées ou légèrement surélevées par rapport au lit de la rivière. Ils sont moins directement connectés à la nappe phréatique et peuvent ne pas être inondés durant plusieurs années3. La nature filtrante du substrat (galets et sables fins) engendre une sécheresse superficielle du sol, mais la nappe phréatique* sous-jacente garantit un apport d’eau suffisant aux plantes pourvues de systèmes racinaires développés3. Il ne faut donc pas s’étonner d’observer par endroits des espèces à faible enracinement des milieux secs comme l’emblématique fausse piloselle (Hieracium piloselloides) ou l’orpin doux (Sedum sexangulare), associées aux saules drapés (Salix elaeagnos) ou pourpre (Salix purpurea). Il est également fréquent d’y observer des espèces d’éboulis comme les très caractéristiques scrofulaires des chiens (Scrophularia canina)3, 4 et épilobe romarin (Epilobium dodonaei)4, associées au galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia)5, à la linaire vulgaire (Linaria vulgaris)5, à la petite linaire (Chaenorrhinum minus) ou à la fausse roquette à feuilles de cresson (Erucastrum nasturtiifolium)4. Notons que la scrofulaire du Jura (Scrophularia juratensis), qui donne son nom à l’alliance phytosociologique du Scrophularion juratensis, est absente du canton.
- les glariers «frais» sableux (Agropyro-Rumicion: Rumici-Agrostietum) sont installés au pied des saules drapés (Salix elaeagnos)3 ou dans les petites dépressions du terrain. Ils se développent en contexte alluvial sur un substrat sableux. Formations rudérales* dominées par l’agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera), ils sont disposés en mosaïque parmi les végétations des glariers.
Où observer
Quand observer
Identité
Profil
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
2.5 | 2.9 | 3.5 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3.1 | 3.4 | 3.5 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3 | 3.4 | 4 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3.5 | 3.9 | 4.4 |
Value |
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5 |
Le saviez-vous?
Valeur biologique
Les glariers sont importants pour la conservation des espèces: d’une part, parce qu’ils abritent encore des «mauvaises herbes» devenues rares en Suisse comme le réséda raiponce (Reseda phyteuma)2, 3, d’autre part, parce qu’ils jouent le rôle de réservoir génétique pour un grand nombre d’espèces ayant disparu des cultures (Ajuga chamaepitys, Erysimum cheiranthoides, Stachys arvensis)2, 3. Sur le plan faunistique, ces milieux sont le refuge de plusieurs espèces d’orthoptères, notamment l’œdipode aigue-marine (Sphingonotus caerulans), ou de reptiles comme la très rare couleuvre mauresque (Natrix maura). Les glariers offrent à toutes ces espèces des habitats* où elles peuvent croître et se reproduire en larges populations, ce qui permet d’assurer le brassage génétique nécessaire à leur survie2.
Vulnérabilité et gestion
Le gestionnaire doit, avant tout, veiller au maintien de la dynamique naturelle des cours d’eau (charriage* et embâcles*). Une modification du régime des crues et du transport solide, qui empêcherait le remaniement régulier des alluvions, constitue une menace directe pour ce complexe d’écosystèmes* pionnier*.
Les glariers secs, éloignés de cette dynamique et soumis à la pâture, peuvent ainsi évoluer vers les prairies sèches ou mi-sèches. Sans dynamique alluviale*, les glariers tendent tous à être colonisés par les saules (notamment Salix elaeagnos). S’il souhaite revitaliser de nouvelles surfaces, le gestionnaire a la possibilité d’intervenir avec des décapages* ou des aménagements susceptibles de conditionner les sites de débordement des rivières. Mais ces interventions sont souvent délicates à réaliser.
Lorsqu’elles colonisent le milieu, les espèces invasives* comme les solidages (Solidago gigantea), les renouées (Reynoutria spp.) ou le buddléia (Buddleja davidii) peuvent supplanter rapidement les espèces locales caractéristiques*, 1. A ce titre, les renouées et le buddléia sont particulièrement problématiques. Leur enracinement important dans les plages de graviers est capable d’enrayer significativement la dynamique naturelle des crues1 et de conduire à une diminution de la biodiversité* de la station par compétition avec les autres espèces.
Une grande partie des glariers végétalisés du canton se trouvent dans l’inventaire national des zones alluviales (IZA) ou sur des sites fédéraux de reproduction des batraciens (OBAT).