Pâturages
Description
Les pâturages genevois jouissent d’un sol riche en éléments nutritifs*, 1 puisqu’un apport en fertilisant minéral* vient généralement s’ajouter aux déjections animales (bovins, chevaux, moutons, chèvres, bisons). Conditionné par la pâture sélective et le piétinement des bêtes, le tapis végétal est souvent discontinu3. L’hétérogénéité du broutage s’explique par le désintérêt du bétail pour les espèces âcres3 (Rumex spp.), toxiques (Ranunculus spp.) ou épineuses (Rubus spp., Prunus spinosa) qui, systématiquement refusées, finissent par former des touffes distinctes3. A cette hétérogénéité physionomique s’ajoute le passage répété des animaux, qui modèle jour après jour le microrelief du sol, surtout sur les terrains humides ou en pente1, 3.
La carte cantonale des milieux regroupe à l’échelle du 1: 5’000e les cinq variantes suivantes :
- les groupements à dactyle aggloméré et fétuque faux-roseau (Agropyro-Rumicion: Dactylo-Festucetum) se développent sur des sols argileux, compactés et occasionnellement engorgés2. D’aspect prairial*, ils sont dominés par le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata)2 et la fétuque faux-roseau (Festuca arundinacea)2.
- les groupements à pâturin commun et rumex à feuilles obtuses (Agropyro-Rumicion: Poo-Rumicetum) colonisent les sols très riches en nutriments, en zones riveraines ou sur les zones de stagnation du bétail (reposoirs, abords d’abreuvoirs)2. Ils sont dominés par le rumex à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius)2 et/ou le pâturin commun (Poa trivialis)2.
- les groupements à renoncule rampante (Agropyro-Rumicion: Groupement à Ranunculus repens), se rencontrent en situation fraîche sur des sols piétinés2. Ils se caractérisent par la renoncule rampante (Ranunculus repens)2 , associée à la vergerette annuelle (Erigeron annuus)2 et à la brunelle commune (Prunella vulgaris)2. Cette unité, écologiquement peu exigeante, est susceptible de se développer dans d’autres contextes (unité ubiquiste).
- les groupements à ivraie vivace et grand plantain des terrains piétinés (Lolio-Plantaginion: Lolio-Plantaginetum) occupent des surfaces régulièrement piétinées2. Composés de végétations rases, souvent totalement couvrantes2, ils se développent sur des surfaces prairiales* intensivement pâturées ou à proximité des reposoirs à bétails. Ils se caractérisent par la présence de l’ivraie vivace (Lolium perenne)2 et du grand plantain (Plantago major)2, parfois accompagnés du trèfle rampant (Trifolium repens) ou du quintefeuille (Potentilla reptans).
- les groupements à pâturin annuel (Polygono-Coronopion: Poetum-annuae) occupent les sols superficiels, riches en particules fines (limons, argiles), en nutriments* et en eau2. Ils se rencontrent sur des zones plus ou moins ombragées et sont dominés par le pâturin annuel (Poa annua)2.
Un certain nombre de prairies (prairies artificielles intensives, prairies artificielles extensives, prairies semi-naturelles extensives ou prairies mi-sèches) sont ponctuellement pâturées de manière extensive. Le nombre de bêtes et la durée de la pâture ne sont pas suffisamment importants pour modifier fondamentalement la composition floristique du milieu. Il est donc plus approprié de parler dans ce cas de «prairies pâturées».
Où observer
Quand observer
Identité
Profil
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3 | 3 | 3.2 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3 | 3 | 3.2 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
4 | 4.4 | 4.4 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3.7 | 4 | 4 |
Value |
---|
3 |
Le saviez-vous?
Valeur biologique
Milieux bien représentés sur le canton, souvent surpâturés (en particulier sur les parcelles broutées par les chevaux), ils présentent une flore plutôt banale sans rareté botanique1.
En revanche, l’hétérogénéité structurale, avec ses touffes de refus, ses buissons, ses zones piétinées et ses déjections, constitue une mosaïque favorable pour la micro-faune3. C’est le cas notamment des insectes coprophages*, 1, 3, comme le géotrupe du fumier (Geotrupes stercorarius), qui sont impliqués dans de nombreuses chaînes alimentaires*, 3.
Les pâturages représentent aussi un habitat* potentiel de substitution pour le crapaud calamite (Bufo calamita), une espèce devenue rare en Suisse suite à la très forte régression de son milieu de vie originel (zones alluviales). Cet hôte habituel des gravières5 évite les prairies où la densité de la végétation et la hauteur des tiges constituent un frein à son déplacement. En revanche, il se satisfait de l’hétérogénéité des pâturages. Pour favoriser cette espèce, il est aujourd’hui suggéré de mettre en place un réseau d’habitats* sur le plan national5 . Dans cette perspective, les pâturages peuvent offrir des relais de qualité, à condition toutefois qu’une mare et du terrain sableux se trouvent à proximité. L’œdipode émeraudine (Aiolopus thalassinus) est également une espèce rare qui trouve dans l’espace agricole des habitats* de substitution6. Habituellement lié aux milieux temporairement humides des zones alluviales et littorales6, ce criquet a été observé à plusieurs reprises aux alentours de Bernex6, dans des prairies et pâturages à substrat argileux, présentant une végétation lâche et un engorgement périodique (printemps, automne ou les deux)6.
Vulnérabilité et gestion
Conformément aux normes de détention du bétail imposées par la Confédération7, l’agriculteur doit garantir à ses bêtes (bovins et chèvres détenues à l’attache, chevaux) un accès extérieur. Cela se traduit la plupart du temps par un séjour aux pâturages, qui permet d’offrir aux animaux un accès direct à la nourriture.
Selon les contraintes d’exploitation, les pâturages peuvent être soumis à une forte pression. Des animaux en surnombre ou présents trop longtemps au même endroit contribuent à compacter et dénuder le terrain3, ce qui est défavorable à la biodiversité. Si un périmètre est reconnu comme intéressant sur le plan floristique ou faunistique, il convient donc de favoriser une gestion plus extensive des surfaces. Les modes d’exploitation préconisés par le gestionnaire sont décrits dans la fiche pâturages extensifs. En l’absence d’entretien, l’abandon du milieu conduit à un embroussaillement, puis à l’installation des communautés préforestières.