Saulaies buissonnantes alluviales
Description
Les saulaies buissonnantes alluviales sont des formations arbustives ne dépassant généralement pas 10 m de hauteur1, 2. Elles s’installent sur les bancs d’alluvions, aux abords des cours d’eau qui bénéficient encore d’une certaine dynamique alluviale*. Présentes dans le vallon de l’Allondon ou de la Laire, elles sont exondées durant la belle saison, mais jouissent d’un contact direct avec la rivière lors des hautes eaux4.
Les groupements typiques à saule drapé (Salicion elaeagni: Salici-Hippophaetum) colonisent des sols drainants à substrats minéraux grossiers et filtrants2. Lorsque le niveau de la rivière est bas (été-automne), l’alimentation en eau n’est possible, via la nappe d’accompagnement, que pour les végétaux ligneux* dont le plus emblématique est le saule drapé (Salix elaeagnos)2, souvent associé à l’osier rouge (Salix purpurea)2. La strate* herbacée*, qui se développe en mosaïque autour des touffes de saules, est majoritairement composée de plantes pionnières*, 4 présentant un optimum de croissance dans les glariers végétalisés.
Dans certains cas, les saulaies buissonnantes alluviales peuvent être observées en situation secondaire, sur des remblais ou dans les gravières.
De manière occasionnelle et sur des surfaces trop fragmentaires pour être cartographiées au 1: 5’000e, il est possible d’observer:
- les groupements à saule à trois étamines (Salicion triandrae: Salicetum triandrae) qui s’installent au bord des rivières à écoulement lent sur des substrats sablo-limoneux, argileux ou régulièrement engorgé2. Ils sont dominés par des populations*, souvent denses, de saules à trois étamines (Salix triandra)2, parfois accompagnés par le saule blanc (Salix alba)2 ou bien plus rarement par le saule des vanniers (Salix viminalis)2.
- les groupements à buddleia de David (Salicion elaeagni: groupement à Buddleja davidii) colonisent les secteurs régulièrement perturbés2. Il peut s’agir de perturbations naturelles comme le remaniement des alluvions par les crues, mais aussi de perturbations d’origine anthropique (bords de route, friches)2. Cette unité était très présente sur les rives de l’Allondon avant que la DGAN* n’entreprenne des mesures d’arrachage dès 2004. Aujourd’hui, elle se rencontre notamment à l’extérieur du canton dans les carrières exploitées du Salève. Elle se caractérise par la présence du buddleia de David (Buddleja davidii), parfois associé au robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia). Ces espèces* invasives* possèdent un fort pouvoir de multiplication végétative. A ce titre, elles représentent une menace pour la flore* indigène* et font donc l’objet d’un suivi attentif.
Où observer
Quand observer
Identité
Profil
Minimum | Moyenne | Maximum |
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3 | 3.4 | 4 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3.3 | 3.4 | 3.6 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
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2.9 | 3.5 | 3.8 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
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3.2 | 3.7 | 4.3 |
Value |
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5 |
Le saviez-vous?
Valeur biologique
Intégrées à une mosaïque de milieux* en zone alluviale, les saulaies buissonnantes alluviales jouent parfois le rôle de lisières entre les glariers des bords de rives et les formations forestières terrestres4. Bien que leur cortège* floristique soit plutôt pauvre1, elles hébergent de nombreux petits animaux qui y trouvent abri et nourriture4 comme la couleuvre mauresque (Natrix maura) ou le rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos). Les saules, très mellifères, attirent également les abeilles sauvages4 qui construisent leur nid dans les terrains sableux alentour. Ils profitent aussi à toute une série de papillons comme le Morio (Nymphalis antiopa) ou le Grand mars changeant (Apatura iris). Leur bois, très tendre, est central dans le régime alimentaire hivernal du castor (Castor fiber)4. Il faut aussi noter la présence ponctuelle du saule faux-daphné (Salix daphnoides), une espèce très rare* à Genève.
Par ailleurs, la rareté de ces formations, tant au niveau cantonal que national, confère à ces milieux une valeur patrimoniale. Les saulaies buissonnantes alluviales assurent un important rôle écologique en maintenant l’ancrage des rives par la densité de leur système racinaire3, 4. Ces mêmes racines font office de peigne et bloquent à leur pied de nombreux éléments organiques et minéraux. Cela crée de fins dépôts sableux régulièrement colonisés par des espèces des glariers adaptées à des substrats moins drainants et moins secs que les bancs d’alluvions, telle l’agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera). Les racines des saules contribuent également à la filtration et à l’épuration des eaux en absorbant des éléments minéraux charriés par les rivières3, 4.
Vulnérabilité et gestion
Jusqu’au début du XXe siècle, la dynamique alluviale* des cours d’eau permettait le renouvellement spontané des milieux riverains. En l’absence d’endiguement, les crues étaient fréquentes et remodelaient régulièrement le paysage. Durant les périodes de hautes eaux (printemps), de nombreux cours d’eau quittaient leur lit principal et décapaient de vastes portions de terrains, emmenant dans leur course les formations végétales des berges (glariers végétalisés, saulaies buissonnantes alluviales). Quand le niveau baissait, le tracé de la rivière se retrouvait durablement modifié. Sur les secteurs épargnés par les crues, les saules succédaient pour un temps aux unités herbacées jusqu’à ce qu’ils soient emportés à leur tour. Si les sites de colonisation variaient, ils étaient alors nombreux et régulièrement renouvelés.
Conséquence de l’artificialisation des berges et de la correction des tracés amorcés dès 1920, l’écoulement des rivières s’est modifié (augmentation du débit, diminution des matériaux chargés depuis l’amont). D’un régime en tresse*, caractérisé par de nombreuses divisions et connexions entre les bras, l’Allondon et la Laire sont passés à un processus de méandrage plus grossier. Ce changement a entraîné, sur la durée, la régression des surfaces d’alluvions nues et la végétalisation progressive des berges1. Ainsi, en l’absence d’intervention, les glariers végétalisés tendent à reculer au profit des saulaies buissonnantes, qui évoluent vers des formations forestières (frênes, aulnes). Aujourd’hui, le gestionnaire doit donc favoriser la dynamique encore existante, garante du rajeunissement naturel des milieux*. Il s’agit notamment de démonter les ouvrages de protection devenus obsolètes et qui ne remplissent plus d’objectif de protection de biens et de personnes. Ce type d’intervention permet de remobiliser des matériaux lors des crues et contribue à améliorer la divagation de la rivière. Le gestionnaire limite également au maximum les quantités de bois prélevées dans la rivière pour favoriser la création d’embâcles naturels.
Afin de contenir le développement des espèces invasives* (Buddleja davidii, Impatiens glandulifera, Reynoutria japonica, Solidago spp., etc.), une surveillance est régulièrement menée (au moins une fois par année). Il s’agit de repérer et d’arracher les individus dès leur apparition pour éviter de devoir intervenir lorsque les populations* sont bien installées, ce qui rendrait les opérations laborieuses et coûteuses. La régularité du suivi est le seul moyen d’éviter les invasions. Le buddleia est particulièrement problématique, car son important système racinaire est susceptible d’enrayer significativement la dynamique naturelle des crues en retenant le substrat en place. Quant à la renouée du Japon, elle développe un large et profond rhizome capable de déstabiliser les berges. De plus, elle présente un fort pouvoir de multiplication: le moindre fragment est susceptible de générer de nouvelles boutures et de faire ainsi exploser le nombre de stations à traiter.
Une grande partie des saulaies buissonnantes alluviales du canton se trouvent dans l’inventaire des zones alluviales d’importance nationale.