Cordon d'espèces ligneuses
Description
Sous le terme «cordons d’espèces ligneuses» sont cartographiées des bandes boisées larges de plusieurs mètres, disposées linéairement dans le paysage. Reliquat de surfaces forestières, elles sont composées d’une strate* moyenne buissonnante et d’une strate* supérieure arborée souvent dominées par les chênes (Quercus robur, Q. petraea). De nombreux cordons se développent sur des terrains temporairement inondés ou le long de petits cours d’eau. Ils présentent alors un sol humide qui favorise le développement du frêne (Fraxinus excelsior). Faute de lumière suffisante, la strate* herbacée* est généralement pauvre, voire même absente. Des ourlets eutrophes ou mésotrophes encadrent parfois ces cordons.
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Quand observer
Identité
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Le saviez-vous?
Valeur biologique
Les cordons d’espèces ligneuses fournissent abris et nourriture à une faune* diversifiée. Par exemple: les strates* ligneuses* hébergent de nombreux oiseaux; les tas de troncs ou de branchages, résultant d’opération de bûcheronnage, sont des refuges idéaux pour la petite faune* dont le hérisson1; les vieux arbres en voie de décomposition présentent un intérêt tout particulier pour les insectes saproxyliques*; les arbres à cavités abritent des animaux cavernicoles* comme les chouettes, les pics, ou les chauves-souris1.
Véritables couloirs de déplacement pour de nombreuses espèces* animales, ils permettent de connecter entre eux les milieux*. En contexte urbain, leur présence est un trait d’union entre les différents constituants du maillage vert (prairies, gazons arborés, etc.). Trame essentielle de l’infrastructure écologique du canton, ils garantissent les échanges entre populations* et assurent ainsi le brassage génétique. Ponctuellement, la biodiversité* est encore améliorée par la présence d’un petit cours d’eau ou d’une forêt riveraine, des milieux* humides qui facilitent l’installation et le déplacement des amphibiens. C’est par exemple le cas de la salamandre tachetée (Salamandra salamandra), qui dépose ses larves dans les ruisseaux forestiers à faible courant1.
Les cordons arborés jouent également un rôle écologique en limitant l’érosion des sols via leur ancrage racinaire et fournissent une protection efficace contre le vent.
Vulnérabilité et gestion
Les remaniements parcellaires entrepris dans la seconde moitié du XXe siècle, ont influencé le paysage rural genevois. Le bocage, composé de haies vives et de cordons ligneux*, a alors pâti du remembrement des surfaces destiné à agrandir les parcelles afin de faciliter la mécanisation des travaux agricoles.
Aujourd’hui, le gestionnaire veille à maintenir le gabarit des cordons existant en contenant l’avancée des ligneux*, mais aussi en prévenant le risque de «grignotage» de ces surfaces par les activités humaines adjacentes (extension des terres agricoles, projet de construction). Lorsque cela est possible, il est préférable d’opter pour un mode d’entretien qui favorise le port libre des arbustes*, en évitant notamment les interventions mécaniques latérales. Lors de la création d’un cordon, la sélection des essences indigènes*, le développement d’une strate* buissonnante étagée et la préservation d’un ourlet herbacé* sont préconisés afin de proposer des niches écologiques* variées à la petite faune* (oiseaux, reptiles, petits mammifères). Au sein d’un cordon, le maintien de quelques vieux arbres est à favoriser puisqu’ils participent à la diversité des habitats*. Il va sans dire que les pratiques de renouvellement de la strate* arborée ont toute leur importance. En effet, pour des raisons pratiques, l’homme tend souvent à gérer une formation de manière globale et uniforme. Par exemple, quand les arbres vieillissent, il a tendance à rajeunir* en une fois l’ensemble du peuplement. Ce procédé n’est pas favorable à la biodiversité*. Dans la mesure du possible, il est donc préconisé d’intervenir de manière régulière et ciblée, en s’efforçant de maintenir sur pied certains vieux sujets.
Les cordons qui se développent aux abords d’un cours d’eau sont exposés à la colonisation des espèces* invasives* (principalement dans les petites niches d’érosion) telles que le buddleia de David (Buddleja davidii), les renouées (Reynoutria japonica, R. sachalinensis) ou les solidages (Solidago spp.). Les mesures d’arrachage ne pouvant être systématiques, car elles engendreraient des coûts importants pour la collectivité, il convient d’essayer de contenir le développement de nouveaux foyers de dispersion par un programme de suivi rigoureux.
Dynamique
Soumis à leur évolution naturelle, les cordons évoluent vers une expansion latérale de la strate* forestière par colonisation progressive des surfaces ouvertes adjacentes. En pratique, ils sont souvent sous l’influence des activités humaines qui les entourent. Le contexte général (zones urbaines ou agricoles), l’usage, la fréquence et l’intensité des interventions sont des facteurs importants qui contribuent à modeler leur physionomie.