Alignements d'arbres
Description
Les alignements sont des ensembles d’arbres disposés linéairement qu’il est possible de rencontrer dans l’espace urbain ou rural. Très fréquents le long des axes de communication, dans les parcs ou dans les espaces publics, il s’agit le plus souvent de plantations d’individus élevés en pépinière. En campagne, nombre d’alignements sont des reliquats d’anciens bocages ou de plantations historiques installées il y a des siècles afin de signaler la présence des voies de circulation dans le paysage, de fournir de l’ombrage ou de la nourriture.
Sur le plan botanique, ils peuvent être composés d’essences indigènes* comme le chêne pédonculé (Quercus robur), le charme (Carpinus betulus) ou l’érable plane (Acer platanoides), mais aussi d’espèces* horticoles* ou exotiques* comme le platane commun (Platanus x acerifolia), le marronnier (Aesculus hippocastanum) ou le peuplier d’Italie (Populus nigra var. italica).
Si la surface au sol est parfois couverte d’une végétation herbacée*, la strate buissonnante est toujours absente, ce qui les distingue des cordons boisés.
Où observer
Quand observer
Identité
Profil
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Le saviez-vous?
Valeur biologique
Les alignements participent au maillage vert du canton en jouant le rôle de relais ponctuels entre les différents biotopes*. C’est particulièrement vrai lorsqu’ils sont composés d’espèces* locales susceptibles d’abriter la faune* indigène* (oiseaux, petits mammifères, invertébrés).
En zone urbaine, les grands et vieux arbres, qui présentent des troncs creux ou des branches mortes, sont une vraie plus-value pour la biodiversité*,1 . Les allées de vieux chênes peuvent, par exemple, héberger des insectes saproxyliques (c’est-à-dire qui dépendent du processus de décomposition du bois mort pendant une partie de leur cycle de vie) comme le lucane cerf-volant (Lucanus cervus) ou le grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo). Dans les cavités de certains sujets, il est possible d’observer des animaux cavernicoles* protégés* comme la mystérieuse chevêche d’Athéna (Athene noctua) ou la barbastelle commune (Barbastella barbastellus).
Disposés en bordure de route, les alignements contribuent également à limiter l’érosion des surfaces; leurs racines retenant le substrat en place.
Vulnérabilité et gestion
Installés depuis des siècles le long des routes, les alignements d’arbres apportent ombrage aux usagers de l’espace public, tout en offrant un important intérêt esthétique. A Genève, ils bordent encore quelques voies historiques, dont certaines étaient déjà fréquentées à l’époque romaine7. Le long de la route de Vandoeuvre7, la présence d’alignements est, par exemple, visible sur les cartes et illustrations d’époque8, 9. Cette situation en bord de voie met cependant l’arbre face à de nombreux dangers : risque possible d’accident avec un véhicule en cas de sortie de route, mais aussi risque d’abattage lors de projet d’élargissement de chaussée. Dans un espace routier très fréquenté, le gestionnaire doit aussi tenir compte des contraintes sécuritaires. Ce facteur tend d’ailleurs à écourter le vieillissement naturel des arbres d’alignements, l’abattage des individus sénescents étant préconisé avant qu’ils ne versent sur la chaussée. De plus, les plantations qui pourraient les remplacer peuvent parfois s’avérer malaisées à réaliser (l’environnement routier complexifiant l’intervention), ce qui ralentit le rythme des renouvellements.
Afin d’optimiser leur gestion et d’améliorer leur conservation, les sujets qui composent les alignements font l’objet, depuis 2007, au même titre que les arbres isolés, d’une grande campagne d’inventaire. Ce recensement pourrait offrir à terme l’opportunité d’une gestion plus spécifique, orientée en fonction du contexte général, des contraintes particulières (présence d’une ligne de tram, d’un gabarit routier, d’une ligne électrique), mais aussi en fonction de l’espèce*, de l’état sanitaire ou du risque sécuritaire propre à chaque individu.
Notons que les arbres situés hors forêt (arbres isolés, alignements) sont déjà bien protégés à Genève. Depuis 1976, ils sont soumis au règlement sur la protection des arbres qui fournit un cadre légal. Complétées en 1999 par le règlement sur la conservation de la végétation arborée, ces dispositions précisent, par exemple, que les abattages sont soumis à autorisations et que celles-ci ne doivent être délivrées que lorsque cela s’avère vraiment justifié2. Les abattages jugés nécessaires sont, de plus, assortis de mesures compensatoires3.
Unités très entretenues, les alignements d’arbres ne présentent pas de dynamique d’évolution. Toutefois, en l’absence d’entretien, la strate* herbacée* tend à être progressivement colonisée par les buissons.