Gravières
Description
Principalement localisées à l’ouest du canton dans la Champagne genevoise, les gravières sont des sites d’exploitation temporaire destinés à l’extraction des argiles, sables, graviers et blocs de pierres dures2 utilisées dans la construction et l’aménagement. D’aspect très minéral, elles offrent un paysage hétérogène composé de falaises, de tas de graviers, de surfaces excavées et de mares* temporaires. Elles présentent également des contacts directs avec les milieux* pionniers*, typiques des surfaces remaniées.
Où observer
Quand observer
Identité
Profil
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Le saviez-vous?
Valeur biologique
La perte de dynamique hydrologique* des rivières a entraîné la diminution des milieux* pionniers* dans les secteurs qui étaient régulièrement remaniés par les crues. Dans le vallon de l’Allondon, la comparaison visuelle entre les photographies aériennes de 1932 et celles d’aujourd’hui témoigne de la disparition de près de la moitié des surfaces d’alluvions4. Sur le Rhône, les grands travaux d’aménagement (construction des barrages de Verbois et de Chancy-Pougny, correction du tracé) ont contribué à la chenalisation* du fleuve, faisant disparaître les surfaces de divagation naturelles. Faute d’habitats* disponibles, les espèces* riveraines pionnières* ont alors fortement régressé1, 2 et se sont déplacées dans les gravières, qui offrent aujourd’hui de précieux habitats* de substitution. Il est par exemple possible d’y rencontrer l’œdipode émeraudine (Aiolopus thalassinus) ou le tetrix des vasières (Tetrix ceperoi), des criquets aujourd’hui en danger de disparition au niveau suisse4. Habituellement familiers des terrains remaniés par les crues, ces deux orthoptères* ont su tirer profit des surfaces exploitées par l’homme: amoncellements de sable, graviers, petites gouilles2. C’est également le cas du crapaud calamite (Epidalea calamita), qui colonise fréquemment les gravières où il trouve quelques mares* temporaires, façonnées par l’exploitation humaine, pour assurer sa reproduction.
Signalons également que les gravières hébergent certains oiseaux menacés* comme le petit gravelot (Charadrius dubius), qui installe son site de nidification au sol, sur les graviers. Quant à l’hirondelle des rivages (Riparia riparia) et le guêpier d’Europe (Merops apiaster), ils creusent des galeries dans les falaises sableuses dégagées par l’exploitation2.
Vulnérabilité et gestion
La surveillance de la gestion des gravières est du ressort du Service de géologie, sols et déchets (GESDEC*) du canton. Pour en savoir plus, se reporter à leur site web.
Précisons que certains entrepreneurs s’engagent en faveur de la biodiversité durant la durée d’exploitation des gravières et bénéficient ainsi de la certification «Nature & Economie»6. Des collaborations avec la DGAN* sont alors possibles afin d’aménager des surfaces favorables aux espèces* pionnières*, comme la création de gouilles pour le crapaud calamite (Epidalea calamita).
Cartographie
Dans la carte cantonale des milieux, seules les surfaces nues, minérales sont assimilées aux gravières. Les formations végétales pionnières* sont rattachées aux terrains piétinés et rudéraux ou aux communautés rudérales à annuelles et pluriannuelles.
Dynamique
En fin d’exploitation, si elles sont laissées à leur évolution naturelle, les gravières sont progressivement colonisées par les organismes pionniers* (lichens*, mousses, végétaux vasculaires*). Capables de résister à l’absence prolongée d’eau, ces organismes modifient les conditions du milieu et contribuent à la constitution d’un humus*. Les espèces* rudérales* annuelles* et pluriannuelles* font aussi leur apparition profitant de stratégies de reproduction efficaces (nombreuses graines, multiplication végétative). Sur la durée, les rudérales* laisseront la place à des espèces* plus compétitives à croissance lente comme les ligneux*. Notons qu’à Genève, la pression sur le territoire et les enjeux liés à la disponibilité des terres agricoles induisent une remise en état rapide des surfaces. Les conditions à remplir sont formalisées dans la loi cantonale sur les gravières et exploitations assimilées (L 3 10 – LGEA) entrée en vigueur en janvier 20005 . Les terrains laissés à l’abandon après leur exploitation sont aujourd’hui des exceptions.