Glariers nus
Description
Les glariers nus ou alluvions sont situés aux abords directs des cours d’eau. Ils sont constitués de sédiments de diamètres variables (galets, sables, limons) et sont régulièrement remaniés par les crues, ce qui empêche l’installation de la végétation.
Ce milieu nu, témoin d’une dynamique alluviale naturelle, évolue rapidement vers les glariers végétalisés dès que les crues de la rivière sont moins régulières et que celle-ci a regagné pour un temps son lit*, modifiant parfois son tracé initial.
Où observer
Quand observer
Identité
Profil
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Le saviez-vous?
Valeur biologique
Constitués de sédiments nus, ces glariers abritent toute une série d’invertébrés aquatiques (larves de trichoptères, d’éphéméroptères ou de plécoptères)9 souvent peu visibles. De plus, ils constituent des terrains de chasse clés pour certains oiseaux, qui repèrent facilement leurs proies sur les plages de galets. C’est le cas par exemple de la très commune bergeronnette grise (Motacilla alba), mais aussi d’espèces plus rares comme le chevalier guignette (Actitis hypoleucos) ou le petit gravelot (Charadrius dubius) dont certains individus nichent sur le canton.
Intégrés au sein d’une mosaïque de milieux, les glariers nus sont biologiquement plus intéressants. Les reptiles peuvent par exemple en profiter pour se chauffer au soleil dès le matin, puis regagner les buissons situés à proximité lorsque leur température corporelle devient trop élevée.
Vulnérabilité et gestion
Les alluvions résultent de la dynamique naturelle des rivières qui évoluent par érosion des berges et dépôts de sédiments1. Cette dynamique a souvent été entravée, dès le XIXe siècle, par les mesures de drainage des zones humides et d’endiguement des cours d’eau réalisées dans toute la Suisse. Il s’agissait alors d’augmenter les surfaces agricoles, de protéger les terres et la population contre les crues6. Mais, les objectifs visés alors n’ont pas toujours tenu leurs promesses : perte de la capacité de charriage et colmatage* du lit des rivières7, débordements pouvant occasionner d’importants dégâts4, appauvrissement de la biodiversité2. Face à ce constat, la perspective a quelque peu changé et il est aujourd’hui préconisé de redonner plus d’espace aux cours d’eau. En Valais, un grand projet de 3e correction du Rhône est actuellement à l’étude7; à Genève, les travaux de renaturation se sont multipliés5 (Seymaz, Versoix, Drize). Pour le canton, l’histoire de l’Aire est sans doute la plus emblématique puisqu’elle cristallise les problèmes hérités du passé ainsi que les moyens mis en œuvre par le gestionnaire pour y remédier5, 6.
Rappel: les travaux d’endiguement de l’Aire ont débuté dès 1890 et se sont poursuivis jusqu’à la fin des années 19306. Il en est résulté une rivière canalisée sur près de la moitié de son parcours genevois, parfois même complètement enterrée et biologiquement déconnectée de l’Arve dans laquelle elle se jette5. Au cours du temps, une grande partie de la faune et de la flore spécifiques a disparu de ce cours d’eau. A la fin du XXe siècle, l’Aire était l’une des rivières les plus dégradées du canton puisqu’elle recueillait les rejets de l’agriculture intensive tout en disposant d’un réseau d’assainissement obsolète8. Devant ce bilan alarmant, un projet de renaturation a été lancé en 20026. Il visait à garantir une protection efficace contre les inondations, tout en conciliant des objectifs environnementaux, paysagers et récréatifs5. Cet énorme chantier touche tout juste à sa fin et l’Aire a retrouvé un cours plus naturel depuis juin 20146. Pour l’aider à accomplir sa mutation, des buttes de terre disposées en losange ont été créées lors des excavations afin de favoriser la sinuosité du tracé. Ces monticules disparaîtront au gré du temps, libérant des sédiments au bénéfice d’une rivière dynamique, qui devrait retrouver ses étendues d’alluvions.