Routes

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Description

La carte cantonale des milieux regroupe, sous la dénomination générique de « routes », toutes les surfaces en revêtements durs (goudron, bitume, béton) utilisées pour la mobilité au sens large. A Genève, en se référant au graphe routier7, il est possible de distinguer trois niveaux de réseaux. Le réseau primaire a pour fonction d’assurer un trafic fluide entre les différents secteurs du canton tout en garantissant le lien avec l’extérieur1, 9. C’est par exemple le cas de l’autoroute A1, qui traverse le canton de part en part. Le réseau secondaire permet d’assurer les échanges entre les différents sous-secteurs1, 9. Enfin, le réseau de quartier assure la desserte des habitants et des activités dans leur proximité directe1, 9. Il peut, au cas par cas, être traversé de zones à vitesse modérée1, 9. Dans l’ensemble, le réseau routier cantonal est majoritairement constitué de routes à une voie de circulation, et ceci dans chaque sens. Le nombre de routes à deux pistes ou plus est encore largement minoritaire9. Le long des routes, de part et d’autre de la chaussée, il est fréquent de rencontrer des accotements herbeux, des alignements d’arbres ou des plantations.

Où observer

Un peu partout, mais c’est en zone urbaine que le réseau est le plus dense.

Quand observer

Toute l’année.

Profil

Surface en hectares
1058.2
Pourcentage du canton occupé
3.40%
Humidité
-
Acidité
-
Richesse en nutriments
-
Granulométrie
-
Naturalité
Value
1

Le saviez-vous?

La réalisation en 2013 de photographies aériennes nocturnes du territoire genevois a mis en évidence de nettes différences en termes d’éclairage public, notamment le long des voies de communication. Le type de lampes (sodium, halogénure, mercure), mais aussi la manière dont elles sont utilisées, génère d’importants écarts sur le plan de la pollution lumineuse. Cette nuisance visuelle est susceptible d’influencer le comportement de certaines espèces* (problème d’orientation, difficulté de communication, perturbation de la reproduction) ainsi que le fonctionnement des écosystèmes* (contribution à la fragmentation des habitats*, modification des équilibres proies/prédateurs). La mise en correspondance de ces orthophotographies* avec l’inventaire des bêtes recensées mortes sur la route (blaireau, renard, chevreuil, lièvre, sanglier) a pourtant révélé que les sites les moins éclairés se superposaient aux sites présentant la plus grande fréquence de collisions animaux-véhicules. Ainsi un fort éclairage limite la mortalité sur les routes, mais engendre conjointement une pollution lumineuse qui influe directement sur la circulation de la grande faune*. Ces constatations plaident en faveur de la mise en place d’une trame noire* à l’échelle cantonale, favorable à la biodiversité*. Dans cette perspective, les photographies nocturnes devraient permettre d’intégrer le volet lumière dans les nouveaux projets de corridors biologiques* afin d’optimiser encore le déplacement des espèces* en améliorant l’obscurité de certains secteurs.

Valeur biologique

Purement anthropiques*, les routes ne présentent presque aucune valeur biologique. Certains ouvrages, comme les glissières des ponts, sont cependant susceptibles d’abriter des colonies d’oiseaux ou de chauves-souris. Sous le pont de Chancy, une septantaine de nichoirs ont, par exemple, été installés début 2015 afin d’offrir des habitats* de substitution aux hirondelles de fenêtre, aux martinets noirs et aux chauves-souris6. Certains lichens* et mousses se développent ponctuellement sur les structures (murs, piliers) des ouvrages de génie civil.

Vulnérabilité et gestion

Selon l’OFS*, le réseau suisse des transports comptait 71 500 km de routes en 20154 , alors qu’il en comptait un peu moins de 56 000 en 19604. En comparaison, à Genève, en août 2015, le graphe routier de la DMO* dénombrait un peu plus de 1900 km de routes en service, dont 12% attribuables au réseau primaire et 13% au réseau secondaire7. Bien que nécessaires à nos déplacements, les routes en revêtements durs ont un impact direct sur notre environnement puisqu’elles font office de barrage entre les écosystèmes*, 5 : effet répulsif du bruit et l’éclairage public, risque de collision pour la faune* lors des traversées9. En conséquence, les animaux réduisent leurs déplacements9. Cela limite les échanges génétiques et fragilise les populations*, qui se retrouvent progressivement déconnectées les unes des autres. Cette situation illustre le morcellement du paysage qui s’observe partout en Suisse8. En 2009, un rapport de l’OFEV* concluait que la largeur effective de la maille, c’est-à-dire l’étendue moyenne des espaces d’un seul tenant entre obstacles (routes ou zones construites), n’avait cessé de décliner depuis 19358. D’une surface moyenne de 331 km2 lors des premières mesures, elle s’était resserrée à 176 km2 en 2002. L’étude mettait également en évidence les différences entre régions, qui existaient déjà près de 70 ans plus tôt8. Si le morcellement avait progressé sur l’ensemble du territoire, le Plateau suisse restait le plus fragmenté avec une maille moyenne de 3 km2, soit une surface 80 à 130 fois plus petite que dans les Alpes8. Outre l’effet de morcellement, l’augmentation des surfaces imperméables entraîne également la destruction directe des milieux* naturels.

Le salage des chaussées, fréquent en hiver pour limiter le gel, a également un impact sur les milieux* naturels2. Projeté en éclaboussure par les véhicules, ou entraîné par les eaux de pluie et la fonte des neiges, le sel modifie la composition chimique des eaux et des sols2. Si la pratique est saisonnière, les résidus s’accumulent année après année dans l’environnement et fragilisent la flore* et la faune* indigènes*, 2. En première ligne, les végétations des accotements situés aux abords de la chaussée, et les organismes aquatiques qui subissent l’augmentation artificielle de la salinité des eaux2. Pour y remédier, il est préconisé d’optimiser les techniques d’épandage (la quantité de sel peut être adaptée au trafic et aux conditions météorologiques)2, de privilégier autant que possible les traitements mécaniques comme les copeaux de bois, le sable ou les gravillons rocheux, et de sensibiliser les automobilistes (utilisation systématique de pneus neige et conduite adaptée)2.

Cartographie

Précisons que la cartographie de cette unité dérive directement des informations répertoriées dans le domaine routier de la DMO*. Celles-ci sont intégrées régulièrement à la carte des milieux afin de bénéficier des mises à jour les plus récentes.

Dynamique

Les routes sont trop artificialisées* et entretenues pour permettre une colonisation importante par la végétation.

Auteurs
Laure Figeat