Pâturages extensifs
Description
Les pâturages extensifs sont des surfaces herbacées qui supportent une charge en bétail limitée et une durée de pâture réduite. Ils présentent une strate* herbacée* hétérogène caractérisée par des touffes de refus, composées de plantes coriaces ou toxiques non consommées par le bétail. De plus, leur piétinement répété façonne un micro-relief3.
Sur le plan botanique, l’espèce la plus typique est la crételle des prés (Cynosurus cristatus)1, 2, 3, 6, 7 qui donne son nom à l’association* végétale (Cynosurion: Lolio-Cynosuretum). Elle est accompagnée de graminées résistantes au piétinement comme l’ivraie vivace (Lolium perenne)1, 2, 3, 7 ou la fétuque rouge (Festuca rubra)1, 7, souvent associées au trèfle rampant (Trifolium repens)6, 7. Il est également possible d’observer des végétaux de petite taille qui développent une rosette collée au sol afin d’échapper au broutage. C’est le cas par exemple de la pâquerette vivace (Bellis perennis)1, 3, 7, de la porcelle des prés (Hypochaeris radicata)1, 7 ou du plantain moyen (Plantago media)1, 7.
A Genève, de nombreuses pâtures extensives sont en fait des prairies* pâturées ; la charge en bétail et la durée de pâturage n’étant pas suffisantes pour modifier significativement la composition floristique. Elles présentent selon les cas les caractéristiques des prairies mi-sèches, des prairies artificielles extensives ou des prairies semi-naturelles extensives.
Où observer
Quand observer
Identité
Profil
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
2.9 | 3 | 3.1 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3.1 | 3.15 | 3.2 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
3.7 | 3.8 | 4 |
Minimum | Moyenne | Maximum |
---|---|---|
4.1 | 4.3 | 4.5 |
Value |
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4 |
Le saviez-vous?
Valeur biologique
Composés d’une flore plutôt banale, les pâturages extensifs présentent un certain intérêt phytosociologique* de par leur faible représentation au niveau cantonal. De plus, ils sont susceptibles d’abriter une faune* diversifiée, capable d’exploiter l’hétérogénéité structurale du milieu (touffes de refus, surfaces piétinées et écorchées, zones d’embroussaillement) en une multitude de niches écologiques*, 7. C’est le cas, par exemple, des scarabées coprophages, comme le géotrupe de fumier (Geotrupes stercorarius), qui tirent profit des déjections laissées au sol par le bétail3, 7. Mais aussi des abeilles solitaires qui établissent leurs nids sur les surfaces de sol nu, dans les ronces ou dans les tiges de certains végétaux, tout en exploitant les fleurs situées à proximité1. La présence de buissons offre également des refuges et des sites de nidification aux oiseaux comme la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) ou le rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus)1.
Lorsque le terrain présente un engorgement périodique, les pâturages extensifs peuvent devenir des habitats* de substitution pour certains animaux des zones alluviales et littorales. C’est notamment le cas du crapaud calamite (Epidalea calamita) ou de l’œdipode émeraudine (Aiolopus thalassinus).
Vulnérabilité et gestion
Les pâturages extensifs ont fortement régressé au profit des pâturages soumis à une forte pression de pâture, souvent enrichis en fertilisants*.
L’intensification des pratiques (apport de fumure*, présence répétée du bétail) conduit à la banalisation* progressive du cortège* floristique en sélectionnant les espèces* les plus résistantes3. Afin de limiter cette évolution, le gestionnaire préconise deux modes d’exploitation extensifs :
- la pâture continue et raisonnée : les bêtes sont laissées sur la même surface durant toute la saison1, mais la charge est adaptée. Cette occupation sur la durée va créer des zones plus ou moins pâturées, des reposoirs, des surfaces colonisées par les ligneux* qui offriront une mosaïque d’habitats* favorable à la micro-faune1, 7 ;
- la pâture tournante: la durée d’occupation d’un même parc varie de quelques jours à quelques semaines, puis l’enclos est déplacé1 . Cette pratique permet de diminuer la pression du broutage sur les végétaux les plus attractifs, tout en limitant l’impact du piétinement1. Pour réduire la quantité de refus, il est possible de parquer volontairement un grand nombre d’animaux ensemble (pendant une période raccourcie afin d’éviter l’augmentation en charge UGB*). Cela augmente la compétition alimentaire et limite ainsi le tri que font les animaux lors du broutage. Cette méthode fonctionne particulièrement bien avec les moutons.
L’absence d’entretien durant plusieurs années conduit à l’embroussaillement* et à l’installation des communautés préforestières3. Ainsi, si la diversité d’habitats* (ronciers, buissons) est favorable à la petite faune*, il convient de trouver un équilibre en stabilisant les ligneux*. Il est recommandé de limiter à 20-30% la surface couverte par la végétation arbustive*, 1. Il convient également de surveiller l’évolution des végétaux à caractère envahissant comme les ronces (Rubus spp.) ou le cirse des champs (Cirsium arvense).
Spécificité genevoise, les pâturages équins sont nombreux. Leur physionomie reflète les particularités comportementales du cheval en pâture4, 5 :
- le cheval préfère les jeunes pousses d’herbe riches en protéine. Doté d’une double rangée d’incisives, il est capable de sectionner l’herbe très près du sol, laissant sur certains secteurs des tapis d’herbe rase4, 5. Cette pâture intensive se traduit par un épuisement progressif des graminées et par leur remplacement par le trèfle rampant (Trifolium repens), ainsi que par des plantes à rosettes comme le pissenlit officinal (Taraxacum officinale), les plantains (Plantago spp.) ou la pâquerette (Bellis perennis)4.
- sur certains secteurs, des zones de refus se développent. L’herbe y est moins consommée et le cheval les utilise comme latrines pour y déposer ses excréments4. Sur ces surfaces fortement enrichies, un cortège* d’espèces* nitrophiles* s’installe, souvent composé de dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), de renoncules de Fries (Ranunculus acris subsp. friesianus) ou d’orties (Urtica dioica)4.
Sans intervention, le pâturage équin conduit rapidement à un déséquilibre du tapis végétal, surtout si le nombre de bêtes est important. Cela se traduit par l’apparition de zones où les ressources s’épuisent alors que d’autres secteurs sont sous-exploités4. Pour y remédier, il est important d’adapter le mode d’exploitation en tenant compte de la portance du sol4, c’est-à-dire de sa capacité à supporter le piétinement. Un retour sur une même parcelle est à réaliser tous les 25 à 30 jours au printemps et tous les 30 à 35 jours en été5.
Afin d’augmenter l’attractivité de la surface pour un plus grand nombre d’espèces* sauvages, l’idéal est de ne pas pâturer de mi-avril à fin juin, voire mi-juillet (pause d’environ 60-80 jours). Toutefois, suivant la richesse en nutriments* du pâturage, la végétation peut alors se développer fortement et perdre en appétence pour certaines espèces* de bétails, comme les chevaux. Dans ce cas, il peut être envisagé de créer des zones refuges*. Il convient alors de prendre soin de sectoriser prioritairement les zones les moins productives, généralement plus favorables à la biodiversité*. La mise en place de pâturages mixtes bovin-équin semble également être bénéfique en termes de diversité floristique5.