Formations graminéennes rudérales

Convolvulo-Agropyrion / Arrhenatherion / Agropyro-Rumicion

Description

Les formations graminéennes rudérales sont des végétations herbacées* souvent denses qui sont dominées par des graminées. Elles ne sont pas exploitées par l’agriculture, à l’inverse des prairies et pâturages. Liées à des sols perturbés, souvent compactés, secs et riches en nutriments*, ces formations sont présentes dans les «vieilles» jachères1, en bordure de champs2, sur les remblais1, dans les terrains vagues, les anciennes gravières, les friches en zones périurbaines et industrielles, ainsi que dans les zones de déprises agricoles3 (rares à Genève). Ces formations s’installent sur des sols perturbés4, généralement à la suite des groupements pionniers* des formations rudérales annuelles à pluriannuelles. Les formations graminéennes rudérales sont relativement persistantes. Toutefois, les surfaces qu’elles occupent sont souvent provisoirement à l’abandon, en attente d’une remise en culture ou d’une construction, ce qui fait que leur présence est généralement passagère. Le même type de végétation graminéenne rudérale se rencontre en bord de routes et sur les talus routiers, qui sont réunis dans la catégorie des accotements routiers.

Les formations graminéennes rudérales peuvent être composées de végétation de friche* à graminées, où domine le chiendent rampant (Elymus repens) en formation dense, ou alors de végétation prairiale* avec une tendance rudérale*, dominée par le fromental (Arrhenatherum elatius).

La carte cantonale des milieux regroupe à l’échelle du 1:5’000e les variantes suivantes :

  • les groupements à chiendent et liseron des champs (Convolvulo-Agropyrion: Convolvulo-Agropyretum) sont des groupements post-pionniers* présents sur des terrains abandonnés ou en situations post-culturales1 (après des jachères ou dans les jachères en place depuis longtemps), sur des sols anciennement perturbés, non artificialisés*, secs, drainants et riches en nutriments*,1. Elles sont dominées par le chiendent rampant (Elymus repens)1 qui forme des colonies denses et laisse peu de place à d’autres espèces3, mis à part au liseron des champs (Convolvulus arvensis)1 ; ainsi qu’à des espèces* à fort pouvoir de multiplication végétative comme le passerage drave (Cardaria draba), le cirse des champs (Cirsium arvense) ou la quintefeuille (Potentilla reptans)5.
  • les prairies rudéralisées à tanaisie (Arrhenatherion : Tanaceto-Arrhenatheretum) sont présentes dans des secteurs perturbés (zones cultivées, friche dans les zones industrielles, bords de routes)1. Le fromental (Arrhenatherum elatius) est dominant, souvent accompagné par le chiendent rampant (Elymus repens)1 et par le brome inerme (Bromus inermis)1 , ainsi que par des espèces* rudérales* comme l’armoise commune (Artemisia vulgaris)1, la chicorée sauvage (Cichorium intybus)4, le passerage drave (Cardaria draba)1 et différents cirses (Cirsium spp.)1.
  • les groupements à fétuque roseau et dactyle aggloméré (Agropyro-Rumicion: Dactylo-Festucetum) sont présents en zones occasionnellement perturbées (broyées ou pâturées)1, sur des sols compactés et argileux1. La fétuque roseau (Festuca arundinacea) est dominante et est accompagnée du dactyle aggloméré (Dactylis glomerata).

Où observer

Les formations graminéennes concernent des petites surfaces dispersées, il est difficile de désigner un endroit précis où les observer facilement.

Quand observer

En juillet, quand les cirses sont en fleur.

Profil

Surface en hectares
21
Pourcentage du canton occupé
0.07%
Humidité
-
Acidité
-
Richesse en nutriments
-
Granulométrie
-
Naturalité
Value
3

Le saviez-vous?

Les araignées tisseuses de toile apprécient les zones de hautes herbes peu fauchées car elles peuvent y tisser durablement leur toile entre les tiges. C’est le cas de l’épeire fasciée (Argiope bruennichi), aussi appelée argiope frelon, une araignée impressionnante qui se rencontre dans les friches à graminées et autres zones herbeuses sèches et bien exposées. Cette araignée, parmi les plus grandes de nos latitudes (jusqu’à 2,5 cm de long pour le corps de la femelle), se reconnaît facilement à son abdomen rayé de jaune et de noir. La toile de l’épeire fasciée se distingue par la présence d’un « zigzag » central formé de soies plus épaisses qui traverse la toile de haut en bas. Le rôle de cette structure n’est pas connu avec certitude, mais il se peut qu’elle permette un meilleur camouflage de la toile. En tout cas, la toile fait souvent mouche pour piéger les proies de grande taille visées par l’épeire fasciée, comme les criquets ou les abeilles.

Valeur biologique

Les formations graminéennes rudérales ont une composition en espèces* végétales peu diversifiée. La dominance du chiendent rampant (Elymus repens) ou d’autres graminées laisse peu de place à d’autres espèces*. Cependant, ces formations hébergent un riche cortège faunistique lié aux biotopes* secs et chauds. Ce type de formations ouvertes en conditions sèches est particulièrement apprécié des orthoptères et des papillons2. Il est possible d’y rencontrer des espèces d’insectes liées aux prairies sèches et mi-sèches comme l’ascalaphe (Libelloides coccajus) ou l’azuré des cytises (Glaucopsyche alexis). Les conditions sèches et chaudes conviennent aussi aux reptiles thermophiles* comme le lézard vert (Lacerta bilineata) et la vipère aspic (Vipera aspis).

Les formations graminéennes rudérales ne font pas l’objet d’une fauche régulière comme les prairies. Elles constituent ainsi des zones de refuge et des sources de nourriture pour la faune3, entre autres grâce aux floraisons estivales d’espèces* comme le cirse des champs (Cirsium arvense) ou le cirse commun (Cirsium vulgare), particulièrement importantes en zone agricole. Lorsque ces friches herbeuses sont présentes en mosaïque avec d’autres milieux* comme les ronciers ou les buissons mésophiles ou thermophiles, ce complexe de milieux* offre un lieu de vie pour de nombreux animaux, par exemple pour la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) ou le torcol fourmilier (Jynx torquilla), qui ne trouvent plus d’habitat ailleurs dans les paysages fortement exploités. Le lièvre (Lepus europaeus) et le chevreuil (Capreolus capreolus) apprécient également ces zones peu exposées aux dérangements.

Vulnérabilité et gestion

Les formations graminéennes rudérales sont peu fréquentes dans les paysages fortement exploités, car elles se développent sur des secteurs non ou peu entretenus. Elles sont mieux représentées à l’ouest du canton, où les sols sont plus drainants et où il existe des secteurs moins exploités. Les groupements graminéens rudéraux peuvent aussi être maintenus volontairement dans des zones gérées pour la protection de la nature, comme sur le site de La Feuillée (Soral). Pour ce faire, une fauche bisannuelle en septembre-octobre est préconisée, en veillant à préserver la faune présente et avec exportation des résidus de coupe2. Le chiendent rampant (Elymus repens), s’il est bienvenu dans les zones en friche, n’est pas souhaitable dans les jachères cultivées, où il peut rapidement être dominant et diminuer la qualité floristique de la jachère. Il est favorisé par le broyage et aura tendance à s’étendre, au même titre que d’autres graminées, quand les jachères sont traitées avec un broyage annuel.

Les formations graminéennes rudérales sont susceptibles d’être colonisées par des néophytes* invasives*, et surtout par les solidages (Solidago canadensis, S. gigantea), qui sont favorisés par la fauche en septembre. Ces formations peuvent aussi être progressivement colonisées par des ronces (Rubus fruticosus, R. armeniacus). La présence de ronces peut être favorable à la biodiversité*, quand elle ne dépasse pas 15 à 30% des surfaces d’un site donné et qu’elles ne se développent pas au détriment de milieux* rares.

Cartographie

La cartographie semi-automatique a réuni dans la catégorie des formations graminéennes rudérales des zones avec un aspect rudéral*, comme des friches industrielles, des bords de cultures et de vignes ou des gravières. En réalité, les formations graminéennes à proprement parler sont rares et certaines surfaces ne seront plus rattachées à cette catégorie suite aux futures observations de terrain.

Dynamique

Fichier

Espèces

Flore vasculaire
Fromental élevé Arrhenatherum elatius
Armoise commune Artemisia vulgaris
Brome inerme Bromus inermis
Passerage drave Cardaria draba
Chicorée sauvage Cichorium intybus
Cirse des champs Cirsium arvense
Cirse commun Cirsium vulgare
Liseron des champs Convolvulus arvensis
Dactyle aggloméré Dactylis glomerata
Chiendent rampant Elymus repens
Fétuque roseau Festuca arundinacea
Linaire commune Linaria vulgaris
Panais cultivé Pastinaca sativa
Pâturin commun Poa trivialis
Mammifères
Lièvre d’Europe Lepus europaeus
Oiseaux
Pie-grièche écorcheur Lanius collurio
Hypolaïs polyglotte Hippolais polyglotta
Torcol fourmilier Jynx torquilla
Tourterelle des bois Streptopelia turtur
Reptiles
Lézard vert Lacerta bilineata
Vipère aspic Vipera aspis
Orthoptères
Grillon champêtre Gryllus campestris
Decticelle bariolée Metrioptera roeselii
Criquet du brachypode Stenobothrus lineatus
Lépidoptères
Hespérie des potentilles Pyrgus armoricanus
Azuré des cytises Glaucopsyche alexis
Grand nègre des bois Minois dryas
Azuré des coronilles Plebejus argyrognomon
Coléoptères terrestres
Cétoine grise Oxythyrea funesta
Stenopterus rufus
Clairon des abeilles Trichodes apiarius
Méloé violet Trichodes apiarius
Autres
Epeire fasciée Argiope bruennichi
Ascalaphe Libelloides coccajus
Plantes invasives
Solidage du Canada Solidago canadensis
Solidage géant Solidago gigantea
Auteurs
Anne-Laure Maire, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier