Enrochements

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Description

A Genève, les enrochements sont pour la plupart des blocs de calcaire déposés par l’homme aux bords du Léman ou le long des cours d’eau. Ils ont pour première vocation la protection des personnes et des aménagements.

D’aspect très minéral au moment de leur installation, ces amas de blocs peuvent évoluer différemment: exposés aux vagues ils restent nus la plupart du temps. Plus protégés, ils ont tendance à se végétaliser dès qu’un dépôt de matériau sableux, entre les pierres, permet une première colonisation. Il est ainsi possible d’observer sporadiquement l’ortie dioïque (Urtica dioica), le géranium herbe-à-Robert (Geranium robertianum), la chélidoine (Chelidonium majus), le solidage géant (Solidago gigantea), la vigne vierge commune (Parthenocissus inserta), ou les renouées (Reynoutria spp.). Mais aussi des espèces ligneuses* comme l’érable plane (Acer platanoides), le noisetier (Corylus avellana), le figuier (Ficus carica) ou le buddleia de David (Buddleja davidii).

Notons que la majorité des plantes non indigènes* qui trouvent refuge dans ce biotope* très particulier sont des espèces fortement compétitives à caractère envahissant.

Où observer

Dans la rade de Genève, côté lac. Par exemple au pied du quai Gustave-Ador (Genève Eaux-Vives).

Quand observer

Toute l'année. Un conseil: les hivers très rigoureux figent ce milieu battu par les vagues en sculpture de glace. Grandiose!

Profil

Surface en hectares
5.8
Pourcentage du canton occupé
0.02%
Humidité
-
Acidité
-
Richesse en nutriments
-
Granulométrie
-
Naturalité
Value
1

Le saviez-vous?

Savez-vous que l’ingénieur cantonal Guillaume-Henri Dufour (le futur général !) a contribué à donner à la rade de Genève son allure actuelle5. Alors responsable de l’urbanisme, il entreprend de grands travaux de développement dans la cité. Dès la fin des années 1820, il planche sur l’aménagement des quais et redessine en partie la Rade. On lui doit notamment la construction du Grand-Quai (appelé quai Général-Guisan depuis 1960), qu’il réalise en gagnant de la surface sur le lac à grand renfort de remblais, ainsi que la conception du pont des Bergues.

Valeur biologique

Les enrochements sont très artificialisés*. Ils peuvent pourtant offrir, en l’absence d’autres habitats*, un abri à la faune piscicole.

Vulnérabilité et gestion

Au cours des siècles, une part importante des rives naturelles du lac Léman (environ 75% de son linéaire total) a été modifiée, construite et artificialisée*, 1. Cette destruction a débuté au XVIIIe siècle, et s’est intensifiée au XIXe siècle. La situation n’a que peu évolué depuis les cinquante dernières années1 et à Genève il est admis que près de 85% des rives sont artificialisées*, 7. Tous ces travaux ont contribué à la régression et à la fragmentation des écosystèmes* originels dont les reliquats actuels sont fortement déconnectés les uns des autres et présentent une biodiversité* très appauvrie.

Si la volonté de renaturer* les rives est aujourd’hui affichée, la priorité du gestionnaire est en premier lieu de conserver et de consolider les principaux objets naturels existants (roselières par exemple)1.

Au quotidien, le gestionnaire doit aussi faire face à la colonisation des rivages par les espèces invasives*. Les résultats des relevés, menés entre 2012 et 2013 et réunis par la CIPEL*, révèlent que 5% de la surface des rives est colonisée par des néophytes*. Les espèces les plus représentées sur l’ensemble des rives colonisées du lac sont les renouées exotiques* (Reynoutria spp.) qui recouvrent 41% des surfaces2. Ces espèces sont peu exigeantes et profitent de l’excellent ensoleillement des enrochements pour se développer. Très vigoureuses, elles peuvent grandir de 8 cm par jour et leur système racinaire robuste contribue à déstabiliser les infrastructures2, 4. Afin de limiter leur expansion, des mesures d’arrachage sont réalisées avec exportation des parties aériennes et souterraines6 puis combustion complète des résidus. Néanmoins, ces deux espèces font preuve d’une grande résistance et la lutte est difficile puisque chaque fragment de rhizome* oublié peut potentiellement constituer une nouvelle colonie6 .

A l’échelle du Léman, le buddleia de David (Buddleja davidii, 22% des rives colonisées) figure au deuxième rang des espèces colonisatrices dans l’étude de la CIPEL*, suivi par le laurier-cerise (Prunus laurocerasus, 17% des rives colonisées) et le robinier faux-acacia (Robinia pseudo-acacia, 14% des rives colonisées)2. Sur le canton, la tendance est un peu différente. Si les renouées exotiques* sont toujours les néophytes* les plus représentées le long des rives, l’inventaire mené en 2013 n’a relevé la présence d’aucun laurier-cerise dans les enrochements et a répertorié une dizaine de sites colonisés par le buddleia3. Le robinier faux-acacia est par contre plus régulier3. Les mesures de lutte dans les enrochements ne sont pas systématiques, car elles engendreraient des coûts exorbitants pour les collectivités. De plus, l’impact négatif des espèces invasives* reste ici relatif puisque cet écosystème* présente une faible valeur biologique générale. Toutefois, une priorisation des actions est réalisée et des mesures ponctuelles menées au gré des possibilités4.

Cartographie

La cartographie cantonale identifie tout particulièrement les enrochements de la rade genevoise disposés en mosaïque entre les jetées bétonnées (classées elles sous autres surfaces dures).

Dynamique

Fichier

Espèces

Flore vasculaire
Capselle bourse-à-pasteur Capsella bursa-pastoris
Chélidoine Chelidonium majus
Clématite blanche Clematis vitalba
Cymbalaire Cymbalaria muralis
Diplotaxis à feuilles ténues Diplotaxis tenuifolia
Figuier Ficus carica
Gaillet gratteron Galium aparine
Géranium herbe-à-Robert Geranium robertianum
Rumex à feuilles obtuses Rumex obtusifolius
Séneçon commun Senecio vulgaris
Pissenlit officinal Taraxacum officinale
Mammifères
Rat surmulot Rattus norvegicus
Reptiles
Couleuvre mauresque Natrix maura
Couleuvre tessellée Natrix tessellata
Poissons
Gardon (juvéniles) Rutilus rutilus
Plantes invasives
Buddleia de David Buddleja davidii
Vigne vierge commune Parthenocissus inserta
renouées Reynoutria spp
Robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia
Solidage géant Solidago gigantea
Auteurs
Sophie Pasche, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier