Autres forêts mélangées
Description
La catégorie des autres forêts mélangées regroupe plusieurs types de forêts qui n’ont pas pu être rattachés à des groupements de végétation précis, soit parce que ces forêts sont trop artificialisées, soit parce qu’elles présentent une hétérogénéité au niveau des essences d’arbres et/ou des facteurs environnementaux (pente, type de sol, exposition) utilisés pour la cartographie. Cela correspond principalement à deux types de situation:
- des forêts urbaines ou périurbaines, proches des bosquets urbains, mais couvrant de plus grandes surfaces, comme dans le parc La Grange ou les forêts du bord du Rhône en aval du pont Sous-Terre;
- des surfaces situées en bordure des massifs forestiers, dans des zones plus fréquemment exposées à des perturbations et caractérisées par un grand mélange d’essences dans la strate* arborescente (frêne, charme, chênes, hêtre, robinier, érables, orme champêtre, pin sylvestre, if, mélèze, sapin blanc, etc.).
Ces forêts sont souvent proches des chênaies mésophiles au niveau de la végétation, mais sous des formes dégradées. Cela peut être, par exemple, des reliquats de forêts autrefois plus grandes. Leur proximité avec la ville et les zones habitées ou leur situation en bordure des massifs les influencent fortement, avec une présence accrue d’arbres ornementaux, d’espèces horticoles* ou de plantes néophytes* (lauriers-cerises, solidages). Par endroits, le sous-bois peut être très perturbé et le sol tassé par le passage fréquent de promeneurs, ce qui influence la végétation et la régénération de la forêt.
On note également une plus forte fréquence d’ouvertures dans la canopée (volis*/chablis*), ce qui implique plus de lumière au sol et des conditions légèrement plus sèches.
Dans ces surfaces, la strate* arbustive, qui peut souffrir du piétinement dû à la fréquentation importante, est composée d’arbrisseaux* mésophiles* comme le noisetier (Corylus avellana), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), voire le troène (Ligustrum vulgare), légèrement plus thermophile*. L’érable champêtre (Acer campestre) est également fréquent en sous-bois. La strate* herbacée est composée d’un mélange d’espèces forestières avec la laiche des forêts (Carex sylvatica) et le brachypode des forêts (Brachypodium sylvaticum) et d’espèces d’ourlet rudéralisé* comme le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), la benoite commune (Geum urbanum), le pissenlit officinal (Taraxacum officinale aggr.) et l’ortie (Urtica dioica).
Où observer
Quand observer
Identité
Profil
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Le saviez-vous?
Valeur biologique
Les autres forêts mélangées présentent une végétation que l’on peut considérer comme commune. Cependant, la présence d’une grande diversité d’essences, avec des espèces* comme le frêne (Fraxinus excelsior), le hêtre (Fagus sylvatica), l’érable plane (Acer platanoides), l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus) et l’orme champêtre (Ulmus minor), est intéressante pour la biodiversité* et permet de fournir un réservoir de ces espèces* au sein des massifs forestiers. Ces espaces arborés, situés à proximité ou dans le milieu urbain, font partie intégrante du maillage vert du canton, servant, entre autres, de relais entre les zones de forêt plus étendues. Ils jouent un rôle paysager important.
De plus, les forêts périurbaines offrent un lieu de vie à la faune* commune qui évolue à proximité des humains comme le merle (Turdus merula), le rouge-gorge (Erithacus rubecula) ou le renard (Vulpes vulpes). Ces forêts permettent aussi à des espèces forestières peu exigeantes de subsister à proximité des villes, que ce soit le pinson des arbres (Fringilla coelebs), la grenouille rousse (Rana temporaria) ou des petits rongeurs comme le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus) ou le campagnol roussâtre (Myodes glareolus). Des chauves-souris peuvent utiliser les forêts périurbaines pour trouver des refuges, depuis lesquels elles peuvent partir chasser la nuit dans les zones bâties.
Enfin, ces forêts offrent, comme les bosquets arborés urbains et toutes les zones végétalisées en ville, des services écosystémiques* précieux, aidant à l’infiltration des eaux de pluie dans le sol, à la diminution de la pollution de l’air et à la climatisation de la ville en été1.
Vulnérabilité et gestion
Depuis 2010, le canton de Genève encourage les propriétaires forestiers à gérer leur forêt par un traitement irrégulier. Ce régime sylvicole vise à maintenir durablement sur une parcelle (unité de gestion) des arbres de diverses dimensions, d’essences et d’âges variés, selon le principe des coupes jardinatoires (gestion pied par pied plutôt qu’à la surface)2. La gestion par des coupes jardinatoires implique des coupes plus fréquentes – mais plus légères – qui permettent d’entretenir l’étagement des peuplements et de doser la lumière au sol. Cette sylviculture irrégulière permet une gestion pérenne et multifonctionnelle de la forêt qui offre la possibilité, non seulement de produire à terme des gros bois de qualité de manière continue, mais également de favoriser la biodiversité* (essences en station*, sous-bois plus lumineux et présence en permanence de vieux bois de grandes dimensions), de conserver la fonction paysagère des forêts et la valeur patrimoniale des chênaies.
A l’heure actuelle, les forêts en ville ou proches des villes subissent différents types de pression. Le sol y est particulièrement plus susceptible d’être dégradé par des dépôts de toutes sortes (compost, gravats, déchets toxiques, décharges sauvages, littering) ou par des tassements (piétinement, passage de véhicules) qui entraînent une perte de structure et de porosité du sol3, risquant à terme de mener à des problèmes de régénération de la forêt. Elles sont également beaucoup plus exposées à la prolifération des néophytes*,3. Ces surfaces doivent, par conséquent, faire l’objet d’une gestion particulière, doublée d’information au public sur leur importance et sur le comportement à adopter en forêt, afin de garantir leurs fonctions à long terme et leurs bénéfices pour la population.
Cartographie
Des observations plus précises sur le terrain permettront, à terme, de rattacher certaines surfaces classées comme «autres forêts mélangées» à des chênaies mésophiles et hygrophiles.
Ces forêts sont souvent composées de mélanges d’essences et ne correspondent pas à des groupements forestiers stationnels*. Il est difficile d’y décerner une dynamique de succession végétale* et leur évolution dépendra plutôt de la gestion sylvicole.