Alignements d'arbres

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Description

Les alignements sont des ensembles d’arbres disposés linéairement qu’il est possible de rencontrer dans l’espace urbain ou rural. Très fréquents le long des axes de communication, dans les parcs ou dans les espaces publics, il s’agit le plus souvent de plantations d’individus élevés en pépinière. En campagne, nombre d’alignements sont des reliquats d’anciens bocages ou de plantations historiques installées il y a des siècles afin de signaler la présence des voies de circulation dans le paysage, de fournir de l’ombrage ou de la nourriture.

Sur le plan botanique, ils peuvent être composés d’essences indigènes* comme le chêne pédonculé (Quercus robur), le charme (Carpinus betulus) ou l’érable plane (Acer platanoides), mais aussi d’espèces* horticoles* ou exotiques* comme le platane commun (Platanus x acerifolia), le marronnier (Aesculus hippocastanum) ou le peuplier d’Italie (Populus nigra var. italica).

Si la surface au sol est parfois couverte d’une végétation herbacée*, la strate buissonnante est toujours absente, ce qui les distingue des cordons boisés.

Où observer

Le long du chemin des Chênes ou de la route de Valavran à Genthod pour observer les alignements de chênes pédonculés, qui comptent certains vieux individus. Le long de la route de Meinier, pour observer les alignements qui bordent cette voie historique. Le long de la route de Meyrin, pour découvrir les alignements d’ormes.

Quand observer

Toute l’année, en libre accès.

Profil

Surface en hectares
84.7
Pourcentage du canton occupé
0.30%
Humidité
-
Acidité
-
Richesse en nutriments
-
Granulométrie
-
Naturalité
Value
2

Le saviez-vous?

Avant 1700, les alignements étaient souvent composés d’ormes, associés aux tilleuls ou plus rarement aux noyers. Vers 1680, les marronniers viennent compléter ce mélange, suivis par les platanes entre 1755 et 17904. Mais, dès 1918, la graphiose de l’orme fait son apparition et provoque la disparition de nombreux individus. Puis, une seconde épidémie se déclarera en Europe dans les années 19705. Elle sera foudroyante et aura raison d’un grand nombre de sujets6. Face à la maladie, la composition des alignements genevois va alors considérablement se modifier. Plus récemment, une variété résistante à la graphiose a été développée par croisement et a permis le retour de l’orme dans les villes et les parcs. C’est en guise de clin d’oeil historique que cette variété a été plantée en 2007 le long de la ligne de tram Meyrin-CERN.

Valeur biologique

Les alignements participent au maillage vert du canton en jouant le rôle de relais ponctuels entre les différents biotopes*. C’est particulièrement vrai lorsqu’ils sont composés d’espèces* locales susceptibles d’abriter la faune* indigène* (oiseaux, petits mammifères, invertébrés).

En zone urbaine, les grands et vieux arbres, qui présentent des troncs creux ou des branches mortes, sont une vraie plus-value pour la biodiversité*,1 . Les allées de vieux chênes peuvent, par exemple, héberger des insectes saproxyliques (c’est-à-dire qui dépendent du processus de décomposition du bois mort pendant une partie de leur cycle de vie) comme le lucane cerf-volant (Lucanus cervus) ou le grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo). Dans les cavités de certains sujets, il est possible d’observer des animaux cavernicoles* protégés* comme la mystérieuse chevêche d’Athéna (Athene noctua) ou la barbastelle commune (Barbastella barbastellus).

Disposés en bordure de route, les alignements contribuent également à limiter l’érosion des surfaces; leurs racines retenant le substrat en place.

Vulnérabilité et gestion

Installés depuis des siècles le long des routes, les alignements d’arbres apportent ombrage aux usagers de l’espace public, tout en offrant un important intérêt esthétique. A Genève, ils bordent encore quelques voies historiques, dont certaines étaient déjà fréquentées à l’époque romaine7. Le long de la route de Vandoeuvre7, la présence d’alignements est, par exemple, visible sur les cartes et illustrations d’époque8, 9. Cette situation en bord de voie met cependant l’arbre face à de nombreux dangers : risque possible d’accident avec un véhicule en cas de sortie de route, mais aussi risque d’abattage lors de projet d’élargissement de chaussée. Dans un espace routier très fréquenté, le gestionnaire doit aussi tenir compte des contraintes sécuritaires. Ce facteur tend d’ailleurs à écourter le vieillissement naturel des arbres d’alignements, l’abattage des individus sénescents étant préconisé avant qu’ils ne versent sur la chaussée. De plus, les plantations qui pourraient les remplacer peuvent parfois s’avérer malaisées à réaliser (l’environnement routier complexifiant l’intervention), ce qui ralentit le rythme des renouvellements.

Afin d’optimiser leur gestion et d’améliorer leur conservation, les sujets qui composent les alignements font l’objet, depuis 2007, au même titre que les arbres isolés, d’une grande campagne d’inventaire. Ce recensement pourrait offrir à terme l’opportunité d’une gestion plus spécifique, orientée en fonction du contexte général, des contraintes particulières (présence d’une ligne de tram, d’un gabarit routier, d’une ligne électrique), mais aussi en fonction de l’espèce*, de l’état sanitaire ou du risque sécuritaire propre à chaque individu.

Notons que les arbres situés hors forêt (arbres isolés, alignements) sont déjà bien protégés à Genève. Depuis 1976, ils sont soumis au règlement sur la protection des arbres qui fournit un cadre légal. Complétées en 1999 par le règlement sur la conservation de la végétation arborée, ces dispositions précisent, par exemple, que les abattages sont soumis à autorisations et que celles-ci ne doivent être délivrées que lorsque cela s’avère vraiment justifié2. Les abattages jugés nécessaires sont, de plus, assortis de mesures compensatoires3.

Unités très entretenues, les alignements d’arbres ne présentent pas de dynamique d’évolution. Toutefois, en l’absence d’entretien, la strate* herbacée* tend à être progressivement colonisée par les buissons.

Espèces

Flore vasculaire
Erable champêtre Acer campestre
Erable plane Acer platanoides
Erable sycomore Acer pseudoplatanus
Bouleau pendant Betula pendula
Charme Carpinus betulus
Hêtre Fagus sylvatica
Frêne Fraxinus excelsior
Epicéa Picea abies
Pin sylvestre Pinus sylvestris
Cerisier sauvage Prunus avium
Chêne pédonculé Quercus robur
If Taxus baccata
Tilleul à petites feuilles Tilia cordata
Tilleul à larges feuilles Tilia platyphyllos
Orme champêtre Ulmus minor
Chauves-souris
Barbastelle commune Barbastella barbastellus
Murin de Bechstein Myotis bechsteinii
Oiseaux
Chevêche d’Athéna Athene noctua
Faucon crécerelle Falco tinnunculus
Orthoptères
Méconème tambourinaire Meconema thalassinum
Grande sauterelle verte Tettigonia viridissima
Coléoptères terrestres
Aegosome à antennes rudes Aegosoma scabricorne
Grand capricorne du chêne Cerambyx cerdo
Lucane cerf-volant Lucanus cervus
Grande cétoine dorée Protaetia aeruginosa
Protaetia lugubris
Horticoles
Erable argenté Acer saccharinum
Marronnier Aesculus hippocastanum
Marronnier rouge Aesculus x carnea
Micocoulier de Provence Celtis australis
Noisetier de Byzance Corylus colurna
Cognassier Cydonia oblonga
Ginkgo Ginkgo biloba
Noyer royal Juglans regia
Copalme d’Amérique Liquidambar styraciflua
Tulipier de Virginie Liriodendron tulipifera
Pommier cultivé Malus domestica
Pin noir Pinus nigra
Platane commun Platanus x acerifolia
Platane d'Espagne Platanus x hispanica, Platanus x hispanica cv. Vallis clausa
Peuplier noir Populus nigra
Peuplier noir d’Italie Populus nigra var. italica
Prunier Prunus domestica
Poirier cultivé Pyrus communis
Chêne des marais Quercus palustris
Sophora du Japon Sophora japonica
Tilleul tomenteux Tilia tomentosa
Tilleul commun Tilia x europaea
Orme résistant à la graphiose Ulmus x resista
Plantes invasives
Robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia
Auteurs
Sophie Pasche, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier