Inventaire des bryophytes de la Ville de Genève
Brève présentation de l'indicateur
Les bryophytes, que l’on appelle communément «mousses», comprennent en réalité 3 groupes de végétaux : les mousses à proprement parlé, les hépatiques et les anthocérotes. Elles font l’objet de nombreuses recherches et inventaires dans le canton de Genève depuis plusieurs années, avec à la clé d’intéressantes découvertes et publications, notamment une Liste Rouge cantonale qui sera publiée en 2013.
Les inventaires réalisés dans le cadre du programme stratégique Genève ville durable permettent de compléter nos connaissances sur la biodiversité des bryophytes dans la Ville de Genève, d’effectuer un suivi de l’évolution des espèces urbaines et d’identifier, dans le but de protéger, les milieux et les sites intéressants pour la biodiversité et la conservation des espèces menacées.
Résultats 2013
Sur les 111 espèces identifiées cette année, deux sont nouvelles pour le canton (Bryum barnesii et Grimmia elatior) et quatre autres n’avaient pas été retrouvées depuis le 19ème siècle (Weissia longifolia, Bryum rubens, Distichium capillaceum et Bryum radiculosum). Au total, 16 espèces présentent des statuts de menace dans les listes rouges nationale et/ou cantonale. La découverte de Campylopus introflexus au parc La Grange est moins réjouissante: cette espèce est considérée comme envahissante en Europe.
Nous présentons ci-dessous les principales découvertes de l’année 2013 par type de milieu.
Les murs
En 2012, l’étude de 10 murs avait révélé leur grande richesse et leur importance pour de nombreuses espèces menacées. Six murs ont été étudiés en 2013 confirmant cet intérêt avec le recensement de 29 espèces dont 5 menacées en Suisse et à Genève. L’une d’elle, Bryum radiculosum, était passée inaperçue dans les relevés 2012 et n’avait pas été recensée depuis la fin de 19ème siècle. Elle pousse dans les anfractuosités des murs anciens.
Les arbres
Les bryophytes poussant sur le tronc et les branches basses de 20 arbres de diverses essences ont été étudiées. Au total, 49 espèces ont été identifiées sur les arbres de la ville, dont 6 menacées en Suisse et à Genève. Il est intéressant de constater que trois espèces rares en Suisse, Syntrichia pagorum, espèce faisant l’objet d’une fiche descriptive dans l’ouvrage Flore en Ville, Zygodon rupestris et Orthotrichum tenellum, se trouvent relativement bien représentées à Genève. La comparaison avec des données datant de 1989 a également permis de supposer un recul de Bryum argenteum, une espèce très fréquente qui apprécie les substrats riches en nutriments.
Le Tilleul de la Cathédrale de Saint-Pierre
Le bord de l’Arve, en amont du "Bout du Monde"
Les bancs de sables et les blocs dont les périodes d’immersion sont très variables, abritent en ce site 27 espèces de bryophytes. Cinq d’entre elles sont menacées à Genève et une au niveau national. Deux espèces méritent particulièrement d’être mentionnées: Bryum barnesii, signalée pour la première fois dans le canton, et Distichium capillaceum, une espèce montagnarde, qui n’avait pas été trouvée depuis 1888.
L'Arve
Une prairie des Conservatoire et Jardin Botaniques
Les relevés effectués dans une prairie sèche des Conservatoire et jardin botaniques ont révélé 13 espèces. Parmi elles, Bryum rubens et Weissia longifolia n’avaient pas été revues depuis le 19ème siècle. Cette dernière semble être en légère régression en Suisse et est liée à la protection des stations sèches.
Une pierre tombale
Dans le cimetière du Petit-Saconnex, une pierre tombale en granite abrite l’unique station connue dans le canton de Grimmia elatior, une mousse qui affectionne les roches acides.
Le rapport 2012 complet est accessible ici.
Le rapport 2013 complet est accessible ici.
Conclusions
Le canton de Genève et la Ville semblent porter une responsabilité pour la conservation de certaines espèces par rapport à la Suisse, notamment en ce qui concerne certaines mousses corticoles (p.ex. Syntrichia pagorum et Orthotrichum tenellum) et saxicoles (p.ex. Grimmia crinita, une espèce qui a fait l’objet d’un plan d’action en 2012, et Pseudocrossidium revolutum, ces deux espèces faisant l’objet de fiches descriptives dans l’ouvrage Flore en Ville). Plusieurs espèces trouvées cette année ont par ailleurs leur unique station cantonale au sein de la Ville. De nombreux sites notables ont été identifiés et dans certains cas une gestion appropriée a pu être mise en place. Ceci permet non seulement de garantir la survie des populations d’espèces sensibles, mais également de garantir la possibilité d’échanges entre les différentes populations.
Ressources
Personnes de contact
- Raoul Palese (chef d'unité)
- Michelle Price (conservatrice)